Les déboires de Facebook

Métier de la communication

Souvenez-vous, ça s’est passé en mai dernier. Facebook a été accusé d’avoir laissé filer des données personnelles au cabinet britannique Cambridge Analytica. Cela concernerait 87 millions d’utilisateurs dans le monde et 2,7 millions d’utilisateurs au niveau européen. Autant dire que Facebook doit faire de gros efforts pour redorer son image auprès de ses utilisateurs en renforçant notamment sa sécurité et en modifiant les paramètres utilisateurs.  Cependant, suite à l’affaire Cambridge Analytica, Facebook enchaine les déconvenues… 

Un piratage à grande échelle

Le dernier épisode en date a eu lieu pas plus tard que vendredi 28 septembre. Facebook, obligé par la nouvelle loi européenne du Règlement Général sur la Protection des Données Personnelles (RGPD), a annoncé publiquement qu’il avait été victime de hackers profitant d’une faille de sécurité pour prendre le contrôle de presque 50 millions de comptes d’utilisateurs. Par sécurité, 90 millions de personnes devront se reconnecter suite à un message de Facebook.

Aujourd’hui, grâce au RGPD, les utilisateurs concernés peuvent se regrouper et porter plainte contre Facebook. D’autre part, cette nouvelle loi pourrait contraindre le réseau social à renforcer sa sécurité. En effet, le RGPD exige que le niveau de sécurité soit proportionnel au service. Or, il se trouve que beaucoup d’autres applications utilisent Facebook pour faciliter la connexion aux utilisateurs. Cela multiplie donc les risques en cas de piratage.

La chute des utilisateurs aux États-Unis

Début septembre, l’institut indépendant Pew Research Center dévoilait un sondage mené aux États-Unis sur 3 413 utilisateurs entre le 29 mai et le 11 juin 2018. L’étude révèle que l’application n’est plus aussi populaire, notamment chez les jeunes de 18 à 29 ans. En effet, il ressort du sondage qu’un peu plus d’un quart des utilisateurs Américains ont supprimé l’application de leur smartphone. Cependant, cela ne signifie pas qu’ils se sont définitivement désabonnés. Ce chiffre monte à 44% concernant les 18-29 ans.

Outre ces suppressions d’application, le sondage met en lumière une prise de conscience des utilisateurs. 54% des personnes interrogées aurait modifié leurs paramètres utilisateurs et 42% disent avoir cessés de consulter leurs profils durant plusieurs semaines voire davantage. Facebook a donc du soucis à se faire notamment avec le dernier piratage en date. Si le réseau social ne renforce pas de manière significative la sécurité et ne garantit pas la protection des données personnelles, cette chute des utilisateurs va sûrement s’accélérer.

Le conflit avec les co-fondateurs d'Instagram

La semaine dernière, Mike Krieger et Kevin Systrom les co-fondateurs d’Instagram ont annoncé leurs démissions. Si dans leurs déclarations, ils ont mis en avant la volonté de rester curieux et de construire autre chose, certains médias pointent du doigt une mésentente avec les dirigeants de Facebook. C’est en 2012 que Facebook a racheté Instagram pour 1 milliard de dollars. De nombreuses modifications avaient ensuite été apportées à l’application notamment pour monétiser l’audience en ajoutant des publicités et des contenus sponsorisés. Les co-fondateurs auraient été en conflit ces derniers mois avec les dirigeants de Facebook concernant l’autonomie de l’application, mais aussi concernant les actions pour élargir rapidement le nombre d’utilisateurs d’Instagram. Les revenus de Facebook sont issus en grande majorité de la publicité. Or la plateforme Facebook en elle-même est déjà saturée d’espaces publicitaires et doit faire face à la chute de ses utilisateurs. Facebook compte donc sur Instagram et son milliard d’utilisateurs pour augmenter ses revenus en plaçant des contenus publicitaires.

Cet événement fait écho à la démission de Brian Acton en 2017 et de Jan Koum en mai dernier, les co-fondateurs de WhatsApp, suite à des désaccords concernant notamment la confidentialité des données ou la monétisation de la messagerie.

Une nouvelle accusation concernant les offres d'emploi aux États-Unis

Comme vous le savez sûrement, Facebook a mis en place un système de ciblage pour ses publicités. Celui qui paramètre sa publication sponsorisée peut choisir entre autre l’âge et le sexe des personnes que l’on désire cibler. C’est ce paramètre de ciblage suivant le genre que vise l’Union Américaine des Libertés Civiles (ALCU). En effet, elle a déposé une plainte, car elle estime que Facebook permet aux employeurs de diffuser des offres d’emploi en fonction du genre. Affaire à suivre…

Tous ces événements ne contribuent pas à redorer l’image de Facebook. Le principal challenge auquel le réseau social doit faire face est avant tout sécuritaire. Facebook va devoir trouver le moyen de garantir la protection des données personnelles de ses utilisateurs s’il veut inverser la tendance de la chute des utilisateurs.

À cela s’ajoute les résultats financiers de juillet avec un chiffre d’affaires trimestriel et un nombre d’utilisateurs qui sont inférieurs aux attentes. Facebook va devoir rebondir s’il veut garder le cap.